[News] 12 épaulards libérés de la glace, mais ...

La mésaventure des orques, prisonnières des glaces dans la baie d'Hudson, a pris fin sur une note positive, jeudi, et ce, de façon naturelle, sans que la Garde côtière n'ait eu à intervenir.

Contre toute attente, le vent et les courants marins ont ouvert un chenal jusqu'aux eaux libres de glace permettant ainsi aux onze mammifères d'échapper à une mort certaine.

Depuis mardi, les cétacés étaient contraints de respirer à tour de rôle par un trou dans la glace.
«Le trou était en train de se refermer et les orques étaient dans un état de panique dangereux», a raconté le maire du village d'Inukjuak.

Selon le Dr Martin Fortier, directeur exécutif du réseau scientifique Arcticnet de l'Université Laval, les orques - appelés également épaulards - sont des nouveaux venus dans la baie d'Hudson.

«Il n'y en avait presque pas avant, mais maintenant, on en voit de plus en plus», a-t-il dit.
Leur présence s'explique par les changements de la couverture de glace qui se forme plus tard à l'automne et qui fond plus tôt au printemps.

De fait, au cours des dernières années, les chercheurs ont observé que la baie d'Hudson est libre de glace environ un mois de plus par année, phénomène dû aux changements climatiques.
«L'impact sur les ours polaires a été très bien documenté, parmi les effets négatifs», a ajouté M. Fortier qui est un passionné du Grand Nord.

En quête de nourriture

«Ça ouvre un nouvel espace de chasse pour l'épaulard qui est un carnivore et qui mange des phoques et des bélugas, a-t-il expliqué. La baie d'Hudson est la région la plus au sud de notre Arctique canadien. C'est elle également qui a subi les changements les plus importants.»

La glace, comme on l'a vu, peut-être très imprévisible, selon le chercheur. L'un des éléments qui a sans doute contribué à cette heureuse issue est l'épaisseur de la couche de glace.
«La baie d'Hudson est gelée depuis seulement trois jours. C'est un hiver très chaud», a témoigné le maire d'Inukjuak.

M. Fortier estime que les épaulards n'avaient aucune chance, si la banquise avait continué de se refermer.

«La chose, c'est que ça arrive probablement assez fréquemment dans la nature, mais on ne s'en aperçoit pas, a-t-il dit. Cette fois-ci, il y a un Inuit qui passait par là.»

Dans le passé, il y a eu des cas de bélugas, encerclés par la banquise, qui ont été dévorés comme du «pop-corn» par des ours polaires, pour reprendre l'expression du chercheur.

Cette réalité a inspiré le film «Miracle en Alaska» qui a rapporté près de 25 millions $ au box-office. Il s'agit d'un film familial basé sur une histoire vraie survenue en 1988 dans la mer de Beaufort où des baleines grises ont aussi été sauvées in extremis de la glace.